Projet monoparentalité - La santé des monoparents et de leurs enfants

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La condition de monoparent continue à être associée à de multiples désavantages : pauvreté et trajectoires d’emploi fragmentées viennent s'ajouter à une santé fragilisée. Les différences d'état de santé des mères célibataires ont à la fois été attribuées à leurs plus hauts niveaux de stress psychosocial et financier, car elles travaillent plus souvent dans des emplois à basse rémunération et doivent s’occuper seules de leurs enfants. Cependant, et en contraste avec d’autres études, nos recherches ont montré que, dans le cas de la Suisse, mères seules avec une formation post obligatoire et travaillant à temps plein ont un meilleur niveau de bien-être. Elles sont plus heureuses, moins stressées et en meilleure santé que les mères seules qui travaillent à temps partiel et que celles qui s’occupent de leurs enfants à temps plein (Struffolino, Bernardi et Voorpostel, 2016). Ces résultats sont à mettre en relation avec un certain effet de sélection, étant donné qu’en Suisse les mères qui travaillent à temps plein restent une minorité.

Nous avons également comparé la situation suisse avec celle d’autres pays européens (la Suède, la Norvège, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne), en particulier en testant la relation entre les parcours de monoparentalité, la remise en couple et l’état de santé de mères (Recksiedler & Bernardi, 2019). La question qui se posait était la suivante: une nouvelle relation représente-t-elle des ressources supplémentaires ou un stress supplémentaire dans ces familles à l’équilibre délicat ? Nos résultats montrent que le type de politiques publiques en place dans chaque pays est très important pour définir l'impact de la remise en couple pour la santé des mères. Ces résultats suggèrent que dans des pays avec des politiques publiques moins généreuses envers la famille, comme en Suisse, la santé des mères s'améliore avec une nouvelle union. Mais en parallèle, les parcours familiaux de ces femmes ont tendance à être moins stables. Nous interprétons ces résultats comme une indication que la remise en couple peut être une stratégie partiellement inefficace à terme pour faire face au manque de ressources des monoparents.

Nous avons également étudié un cas centré sur la situation espagnole (Garriga et Bernardi, 2019), pays où la garde alternée se diffuse récemment comme arrangement familial suite aux ruptures. Nous avons comparé le bien-être des adolescents vivant en situation de monoparentalité à celle des adolescents qui partagent leur temps avec les deux parents séparés de manière plus égalitaire. Le bien-être était mesuré en termes de satisfaction et évaluation de la qualité de vie ainsi que d’une série de symptômes indiquant le mal-être psychologique tels que la difficulté à dormir ou somatiques comme les maux de tête fréquents. Nous étions particulièrement attentifs aux différences parmi les enfants provenant de familles désavantagées et leurs pairs. Nos résultats suggèrent que la garde alternée est plus commune pour les enfants de familles plus avantagées et que ces enfants en bénéficient davantage par rapport aux enfants issus de milieux plus défavorisés.

Publications pour ce sous-projet 

  • Garriga, A. and L. Bernardi (2019), Heterogeneity in the effects of children living arrangements on children's health outcomes, Revue des politiques sociales et familiales,n° 131-132 (2e et 3e trimestres) : 207-221.
  • Recksiedler C. and L. Bernardi (2019). Lone Mothers’ Repartnering Trajectories and Health: Does the Welfare Context Matter?  Journal of Family Issues, 40(17), 2582-2604. 
    https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0192513X19860175
  • Struffolino, E., Bernardi, L., & Voorpostel, M. (2016). Self-reported health among lone mothers in Switzerland: Do employment and education matter? Population, 71(2), 193–222. http://www.journal-population.com/wp-content/uploads/2016/06/StruffolinoEN.pdf