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Une semaine de programme intensif dans les Alpes vaudoises

La première École d’hiver LIVES sur les parcours de vie aura lieu du 23 au 30 mars 2013 aux Diablerets. Une vingtaine de doctorants issus de différents pays européens et nord-américains participent à ce programme intensif organisé par un consortium de quatre centres de recherche internationaux.

Le Pôle de recherche national LIVES (Université de Lausanne et Université de Genève), le Centre Hallie Ford for Healthy Children & Families (Oregon State University, Etats-Unis), le Bremen International Graduate School of Social Sciences (Université de Brême, Allemagne ) et le Centre pour la population, le vieillissement et la santé (Western University, Canada) ont uni leurs efforts pour organiser une nouvelle offre pour les doctorants sur le thème des parcours de vie.

La moitié des participants à l'École d'hiver LIVES sur les parcours de vie proviennent d'autres pays que la Suisse, principalement d'Allemagne, des États-Unis et du Canada. Ils travailleront en petits groupes dans les trois ateliers interdisciplinaires animés par des experts internationaux en sociologie, psychologie sociale, psychologie du parcours de vie, démographie et politiques sociales.

Le Prof. Richard Settersten, le Prof. Dario Spini et la Dr Véronique Eicher conduiront un module sur les perceptions du parcours de vie en Europe en fonction de l'âge, du genre et des normes générationnelles. Ils s'appuieront sur des variables individuelles et régionales liées au genre et aux inégalités économiques (par ex. du point de vue des attitudes, des comportements et des politiques), en utilisant le paquet SPACOM du projet R que des chercheurs du PRN LIVES ont mis au point pour analyser les unités régionales.

La Prof. Ingrid Connidis, le Prof. Eric Widmer et la Dr Anna-Maija Castrén dirigeront un deuxième module qui explorera le déplacement des liens familiaux en vue de faire progresser l'étude empirique sur l'ambivalence liée à la famille à un âge avancé. Ils se serviront de bases de données mises à disposition par la recherche du PRN LIVES, et de méthodes quantitatives avancées (multivariées).

Le troisième module réunira le Prof. Walter Heinz, le Prof. Felix Bühlmann et le Dr Benedikt Rogge pour aider les doctorants à examiner les transitions de la vie dans les domaines de l'éducation, du travail et du chômage. Ils proposeront des perspectives institutionnelles et biographiques, des méthodes qualitatives et mixtes, ainsi que des comparaisons internationales sur la base de données tirées d'Allemagne et de Suisse.

Les organisateurs des trois ateliers ont l'intention déclarée de créer au cours de cette semaine les conditions pour la rédaction de plusieurs articles collaboratifs avec les participants. Ski, randonnées et fondue au fromage sont également à l'ordre du jour...

© iStockphoto

Quand les scientifiques s’en prennent aux mythes sur la fécondité

Une équipe de 25 chercheurs européens s’est penchée sur la question de la baisse de la natalité dans trois pays germanophones, dont la Suisse. Ils publient un condensé de leurs conclusions et recommandations dans un petit fascicule à l’intention des décideurs. La vice-directrice du PRN LIVES à l’Université de Lausanne fait partie des auteurs.

« Un avenir avec des enfants ». Telle est la vision d’un collectif de recherche interdisciplinaire, réuni de 2009 à 2012 par deux académies berlinoises avec le soutien de la Fondation Jacobs.

Représentant diverses disciplines – sociologie, démographie, histoire, médecine –, l’équipe a publié fin 2012 un ouvrage scientifique en allemand de près de 500 pages sur la fécondité et le développement de la société de trois pays proches culturellement: l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Pour un public moins spécialisé mais tout autant concerné, tel que les décideurs politiques, ils ont également fait paraître un condensé sous la forme d’un petit livre de 68 pages, sous-titré Mythes, concepts-clés et recommandations sur la fécondité et le développement de la société. La traduction anglaise est parue en 2013 et peut-être téléchargée.

La Prof. Laura Bernardi, vice-directrice du Pôle de recherche national LIVES à l’Université de Lausanne, a participé au projet. Elle décrit la publication du petit livre sur les mythes comme « un exercice réussi de messages que la communauté scientifique peut faire passer à la société sur un sujet d’importance capitale. »

Quatorze idées reçues sur la fécondité et le vieillissement de la population sont déconstruites. Non, l’absence d’enfant n’est pas un phénomène plus marqué que jamais. Non, la baisse de la natalité n’est pas liée aux femmes qui travaillent. Non, les personnes de moindre niveau socio-culturel ou migrantes n’ont pas forcément plus d’enfants que les autres…

Dans leurs recommandations, les chercheurs passent en revue une série de domaines où des mesures pourraient être prises pour soutenir les naissances, à travers les politiques sociales et économiques, les infrastructures, la santé, l’éducation et la recherche. Les services aux familles et même l’urbanisme sont abordés. Autant de pistes pour « améliorer la situation des enfants et des parents, et rendre la décision d’avoir des enfants plus facile », annoncent les auteurs.

 

 

Photo © LVES Hugues Siegenthaler

L’histoire de l’assurance chômage montre syndicats et patronat là où on ne les attend pas

Les Editions Antipodes publient «L’assurance chômage en Suisse. Une socio-histoire (1924-1982)», fruit d'une collaboration entre un membre du PRN LIVES et une jeune chercheuse de l'Université de Berne. Co-auteur, le Prof. Jean-Pierre Tabin à Lausanne explique les enjeux mis à jour par cette recherche.

Professeur à la Haute-école de travail social et de la santé – EESP Lausanne et à l’Université de Lausanne et chercheur au sein de l’IP5 du Pôle de recherche national LIVES, Surmonter la vulnérabilité : perspective du parcours de vie (PRN LIVES), Jean-Pierre Tabin sort en ce mois de mars 2013 aux éditions Antipodes un ouvrage écrit en collaboration avec Carola Togni, doctorante à l’Université de Berne. Intitulé L’assurance chômage en Suisse. Une socio-histoire (1924-1982), ce livre est le résultat d'une recherche financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.

Le Prof. Tabin explique : « Nous sommes partis de la question suivante : Est-ce que le mouvement syndical a joué le rôle qu'il prétend aujourd'hui avoir joué dans la mise en place de l'assurance chômage obligatoire, l’Union syndicale suisse (USS) écrivant par exemple en 2008 qu'une "grande partie du travail de l’USS au XXe siècle [a consisté] à transférer [les] institutions d’assurances liées à des syndicats particuliers dans un système étatique, valable pour tout le monde".

» Pour répondre à cette question, nous nous sommes interrogé·e·s sur le rôle des organisations - syndicales et patronales - dans la mise en place de l'assurance. Sur la base d'archives, nous montrons d'une part l'intérêt du patronat au développement d'une assurance chômage. Elle permet à la fois de promouvoir un modèle libéral d'engagement et de licenciement du personnel et de socialiser le coût des licenciements. Cet intérêt patronal au développement de la politique sociale est trop souvent oublié.

Paradoxes de l’action syndicale

» D'autre part, nous étudions les logiques dans lesquelles les syndicats sont pris avec leurs caisses de chômage. Comme cette activité leur permet de recruter des membres, ils ne sont en effet guère enclins à s'en séparer. Mais ils ont besoin d'un soutien étatique, surtout en période de crise, sinon leurs caisses vont à la faillite. Cette logique amène les syndicats à s'opposer durant de nombreuses années à l'obligation d'assurance, qui mettrait fin à leur stratégie de recrutement et les obligerait à accepter dans leurs caisses tous les risques, même les mauvais. Ils sont également contraints d'accepter des contrôles étatiques sur leurs caisses en contrepartie des subventions reçues et de s'engager à ne pas financer avec cet argent leur activité syndicale, notamment en cas de grève.

» Ils deviennent ainsi ce qu'ils sont aujourd'hui en matière d'indemnisation du chômage : des auxiliaires de l’État. Cette position permet aux syndicats d'être considérés comme des partenaires crédibles de la gestion publique. Ce faisant, ils font leur la vision étatique du chômage: ils ne discutent pas, par exemple, le fait que la durée du chômage soit limitée ou que l'indemnisation soit inférieure au salaire, ils ne contestent pas qu'elle ne soit financée que par l'emploi (reléguant ainsi dans le néant assurantiel le travail domestique), ni le fait que les personnes au chômage soient obligées d'accepter un emploi, contrairement à d'autres groupes, comme les associations de chômeuses et chômeurs.

Intérêts conjoncturels et sectoriels

» Les débats et controverses concernant l’assurance chômage au cours de son histoire ne sont pas soutenus par des visions antagonistes de la politique sociale qui devrait être menée sur cet objet, mais par les intérêts du moment de chacun des acteurs (surtout syndicaux et patronaux) et leur capacité à les imposer. L’assurance de 1924 n’est de loin pas identique à l’assurance actuelle, mais la représentation du chômage comme temps social spécifique n’a pas fondamentalement changé. Et le consensus autour du fait que l’absence d’emploi ne doit pas découler d’une décision individuelle pour être indemnisé doit être rapporté au fait que la socialisation de l’absence d’emploi via l’assurance autorise les employeurs à licencier sans avoir à en payer les conséquences. »