LIVES présente ses premiers résultats à la Conférence internationale de la SLLS à Paris

LIVES présente ses premiers résultats à la Conférence internationale de la SLLS à Paris

La "Society for Longitudinal and Life Course Studies" tient sa conférence annuelle du 29 au 31 octobre 2012 sur le thème “Enfance et au-delà: suivre les cohortes à travers les parcours de vie”. Le directeur de LIVES et plusieurs de ses chercheurs sont de la partie.

Le Pôle de recherche national LIVES « Surmonter la vulnérabilité : perspective du parcours de vie » a rejoint en 2012 la Society for Longitudinal and Life Course Studies (SLLS). Il sera fortement représenté lors de la Conférence annuelle de la SSLS à Paris.

Une session de la conférence sera entièrement dédiée aux travaux du PRN LIVES le mercredi 31 octobre. Présidée par le Prof. Dario Spini, directeur de LIVES, elle permettra de montrer les premiers pas et résultats du pôle né en 2011, avec une présentation générale et des communications sur des projets en cours.

Symposium

The Swiss National Centre of Competence in Research LIVES: first steps and results
Chair: Dario Spini

Overcoming vulnerability: life course perspectives
Dario Spini, Michel Oris, Laura Bernardi, University of Lausanne, Switzerland

Comparing data quality in self- and interviewer-administered life history calendars in a survey of young adults
Davide Morselli, Caroline Roberts et al, University of Lausanne, Switzerland

School to vocational training and labor market transitions: a social psychological approach to life projects and transition management
Véronique Eicher, Christian Staerklé et al, University of Lausanne, Switzerland

Personal perception of the professional experience – the role of individual resources on the relationship between professional situation and well-being in adults living in Switzerland
Christian Maggiori, Jérôme Rossier, Franciska Krings, University of Lausanne, Switzerland

Poster session

Le premier jour de la conférence le 29 octobre, deux posters seront également présentés par des membres de LIVES:

Victimization trajectories and well-being of a young cohort who lived through the wars
Rachel Fasel, Dario Spini, University of Lausanne, Switzerland

Transition to parenthood and working hours in Switzerland: men's and women'sintentions and practices before and after the birth of the first child
Nadia Girardin, Jean-Marie Le Goff, University of Lausanne, Switzerland

Voir le programme complet de la conférence.

La maladie d'Alzheimer décryptée par un sceptique

Le Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités (CIGEV) reçoit le 6 novembre 2012 à l'Université de Genève le Prof. Martial Van der Linden, psychologue, pour une communication intitulée "Le mythe de la maladie d'Alzheimer: Une autre approche du vieillissement cérébral/cognitif".

Partenaire du Pôle de recherche national LIVES, le Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités (CIGEV) organise un séminaire de recherche ouvert à tout public intéressé le mardi 6 novembre 2012, 12h15-13h45, Uni Mail, salle MR 160:
 
«Le mythe de la maladie d'Alzheimer: Une autre approche du vieillissement cérébral/cognitif»
Par Martial Van der Linden, psychologue
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève

Résumé

Contrairement à ce que postule le modèle biomédical dominant, la maladie d’Alzheimer ne constitue pas une entité homogène et ses frontières avec le vieillissement dit normal et les autres démences neurodégénératives ne sont pas clairement définies. Nous examinerons les différents facteurs qui ont contribué au développement et au maintien de ce mythe. Nous présenterons également les données qui appuient une conception du vieillissement cérébral/cognitif en tant que un continuum, dont les différentes expressions plus ou moins problématiques sont déterminées par des facteurs multiples (génétiques, biomédicaux, psychologiques, environnementaux, éducatifs, sociaux et culturels) intervenant tout au long de la vie. Enfin, nous montrerons en quoi ce changement d’approche conduit à une autre manière d’aborder les interventions auprès des personnes âgées présentant des problèmes cognitifs ainsi que leur insertion dans la communauté.

Références

Van der Linden, M., & Juillerat, A.C. (2012). Penser autrement la maladie d’Alzheimer. In G. Arfeux-Vaucher et L. Ploton (Eds.), Les démences au croisement des non-savoirs. Chemins de la complexité. Paris: Presses de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (pp. 127-139).

Whitehouse, P., & George, D. (2009). Le mythe de la maladie d’Alzheimer. Ce qu’on ne vous dit pas sur ce diagnostic tant redouté. Marseille: Solal (traduction : A.-C. Juillerat Van der Linden & M. Van der Linden)

Van der Linden, M., & Juillerat Van der Linden, A.-C. : Blog mythe Alzheimer (http://mythe-alzheimer.over-blog.com)


Informations complémentaires sur les séminaires du CIGEV:
http://cigev.unige.ch/seminaires/sem20121106.html

Photo Svetlana Braun © iStockPhoto
Les différences générationnelles au centre du nouveau "Rapport social"

Les différences générationnelles au centre du nouveau "Rapport social"

Plusieurs chercheurs LIVES ont été impliqués sous l’égide du Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS dans l’édition et la rédaction de cette quatrième édition inaugurée le 23 octobre 2012 en allemand et en français.

Il n’y a pas de conflit ouvert mais d’énormes différences culturelles entre les générations, avec cependant de solides formes de solidarités intergénérationnelles à l’intérieur de la famille. Tel est le constat du Rapport social 2012, vaste analyse conduite par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS en collaboration avec plusieurs chercheurs LIVES. Une conférence de presse pour vernir cet ouvrage était organisée le mardi 23 octobre à Berne avec les éditeurs par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui finance le projet.

Le périodique Rapport social sort tous les quatre ans depuis 2000. Cette publication, lancée à l’origine par Christian Suter, professeur de sociologie à l’Université de Neuchâtel, a depuis été institutionnalisée par FORS, avec une thématique différente à chaque édition.

Un débat qui perdure

Dans un pays où la part des moins de 20 ans est l’une des plus basses d’Europe, la question des générations s’est imposée, et poursuit ainsi la réflexion du Programme national de recherche (PNR) 52, qui avait conclu en 2008 que les conflits entre générations sont quasiment inexistants, alors qu’ils sont pourtant vivement débattus.

Parmi les éditeurs du Rapport social 2012, Felix Bühlmann, Peter Farago, François Höpflinger, Dominique Joye, et Pasqualina Perrig-Chiello sont membres de LIVES, alors que René Levy fait partie de son Conseil consultatif. Ils ont rédigé une partie des articles de l’ouvrage et en ont supervisé le reste avec Christian Suter et Céline Schmid Botkine, de FORS, laquelle étant éditrice responsable avec Felix Bühlmann.

Différences de comportement

Travaillant sur la base de données et d’indicateurs provenant de grandes enquêtes suisses et internationales, notamment transversales et longitudinales, les auteurs ont observé les différences de comportements entre trois classes d’âge (18-39, 40-59, 60 et plus) dans les différentes dimensions de la société (répartition des biens sociaux, diversité culturelle, intégration sociale, régulation politique, société et environnement).

Les chercheurs ont constaté que les liens intergénérationnels sont de nos jours absents des relations amicales ou professionnelles, mais persistent de manière très forte dans la famille, où se côtoient plus de générations que dans le passé. La famille contemporaine est en effet moins horizontale (moins de frères, sœurs, cousins) mais plus verticale (plus de grands-parents et d’arrière-grands-parents présents) que par le passé.

Solidarité intergénérationnelle

La solidarité intergénérationnelle se vit ainsi exclusivement au sein du cercle familial. Beaucoup d’adultes s’occupent aujourd’hui soit d’un parent âgé, soit de petits-enfants, voire des deux. Au niveau matériel et toujours à l’intérieur de la parenté, on trouve une grande place pour les transferts financiers entre les générations, à travers les dons et les héritages. Mais en dehors de la famille, peu de relations existent entre les âges, séparés par des fossés culturels, qu’il s’agisse de croyance religieuse, de goûts musicaux ou de pratique sportive, par exemple.

Les surprises

Certaines constations surprennent. Ainsi, contrairement à une idée reçue, les 18-39 ans ne s’intéressent pas moins au débat politique que leurs aînés. Les jeunes sont même plus actifs que la génération de leurs parents ne l’était dans les années 70, et cette participation prend davantage des formes alternatives, marquées par leur centration thématique étroite, leur caractère informel, leur caractère court-terme et le mélange entre vie privée et politique.

Autre curiosité, si les jeunes sont davantage préoccupés par les questions d’environnement, leurs comportements sont cependant moins verts que ceux des seniors. Il y a là un « paradoxe générationnel entre la pensée et l’action », écrivent les auteurs, qui s’explique d’une part par la mobilité qu’impose la modernité, et de l’autre par la socialisation propre à la génération des plus de 60 ans, davantage dictée par l’économie que par l’écologie.

Jeunes et vieux méfiants

On peut encore citer la question de la méfiance entre les générations. Si les seniors se disent plus inquiets en Suisse qu’ailleurs de la menace à l’ordre public que pourraient poser les jeunes, ces derniers quant à eux dénoncent les injustices et le manque de respect dont ils s’estiment victimes, notamment dans l’accès à l’emploi. La situation des plus âgés n’est pourtant guère plus enviable dans le monde du travail, mais l’idée prévaut que les seniors sont mieux protégés par l’Etat-Providence, puisqu’ils toucheront bientôt leur retraite.

Les auteurs concluent sur le fait que « certaines fonctions essentielles de notre société – telles que la transmission du savoir ou l’aide réciproque en période de vulnérabilité et de dépendance – ne peuvent être remplies que si l’échange entre les générations se fait et perdure. » Ils relèvent cependant que « la solidarité entre générations est (aussi) une solidarité de classes » et que « le genre, la formation ou le revenu sont souvent plus importants que notre âge ou notre appartenance à une génération ». L’analyse ne peut donc pas s’abstraire de ces autres facteurs, qui s’inscrivent dans une « logique cumulative ou compensatoire ».

Felix Bühlmann, Céline Schmid Botkine, Peter Farago, François Höpflinger, Dominique Joye, René Levy, Pasqualina Perrig-Chiello, Christian Suter (éds): Rapport social 2012: Générations en jeu. Editions Seismo, Zurich 2012, 332 p.

Photo © LVES Hugues Siegenthaler
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Photo © LVES Hugues Siegenthaler
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Des observateurs du marché du travail s’affrontent sur leur vision des chômeurs

Le colloque « Pauvreté : trajectoires individuelles, logiques sociales » s’est clôturé le 12 octobre 2012 par une table-ronde sur les « Possibilités et limites de l’insertion professionnelle ». Représentants de l’administration, du patronat, du monde syndical et de la recherche ont débattu sans se mettre d’accord sur les moyens d’aider les chercheurs d’emploi.

Une table-ronde modérée par Giuliano Bonoli, professeur à l’IDHEAP et chercheur LIVES, a réuni à la fin du Colloque Pauvreté des 11 et 12 octobre à Lausanne des observateurs privilégiés du marché du travail et de la réinsertion professionnelle. Jean-Hugues Busslinger, membre de la direction du Centre Patronal, Manuela Cattani, co-secrétaire générale du syndicat SIT et vice-présidente de la Communauté Genevoise d’Action Syndicale, Roger Piccand, directeur du Service cantonal de l’emploi (VD) et Jean-Pierre Tabin, professeur de politique sociale à la Haute école de travail social et de la santé - EESP et chercheur LIVES, ont été invités à faire un bilan des possibilités et des limites des politiques de réinsertion professionnelle.

Depuis une vingtaine d’années, les politiques de réinsertion professionnelle sont le principal instrument de lutte contre le chômage dans la plupart des pays européens. « Cette notion comprend des mesures très variées, telles que des formations, des subsides pour les entreprises qui engagent une personne au chômage, des accompagnements dans les recherches d’emploi, mais également un suivi strict des recherches d’emploi et un système de contreparties liées aux bénéfices de l’assurance-chômage », relevaient les organisateurs du colloque dans l’annonce de la table-ronde.

Le rôle des entreprises

Défendant les positions de leur institution respective, Jean-Hugues Busslinger, Roger Piccand et Manuela Cattani se sont très rapidement affrontés sur la nature du bilan, négatif ou positif, des mesures de réinsertion. Le chef du Service de l'emploi vaudois a avancé qu’« une mesure de réinsertion professionnelle est efficace si elle est prescrite au bon moment et à la bonne personne. » Roger Piccand a ainsi souligné que les mesures les plus efficaces sont celles organisées dans les entreprises, pour autant que ces dernières soient prêtes à investir dans le suivi et la formation des bénéficiaires. Raisonnant en termes de droits et d’obligations, il a ajouté que pressions et sanctions sont indispensables aux mesures de lutte contre le chômage et de réinsertion, afin de prévenir tout abus.

Reprenant l’adage « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif », Jean-Hugues Busslinger s’est montré plus sceptique, soulignant que la réussite des mesures de réinsertion professionnelle est fortement liée à la motivation des bénéficiaires à s’insérer durablement dans l’entreprise. Même s’il a admis que l’insertion relève de la responsabilité sociale des entreprises, le responsable patronal a précisé que cette tâche n’est pas le cœur de cible des sociétés privées. Selon lui, les efforts d’insertion dépendent de la réalité du marché de l’emploi et de l’effort de l’Etat à soutenir par des compensations financières les entreprises qui s’engagent dans des mesures de réinsertion.

Combattre le chômage ou les chômeurs ?

Ces appréciations ont été fortement contestées par Manuela Cattani, qui a dénoncé le fait que « le cadre légal actuel ne combat pas le chômage mais les chômeurs. » La syndicaliste a défendu l'idée d'emplois durables plutôt que la mise à disposition de personnes bon marché pour les entreprises. Face à ces critiques fermes, le Prof. Bonoli a interpelé les discutants sur les risques réels liés au dumping salarial et aux pressions exercées sur les chômeurs et les bénéficiaires de l’aide sociale. Ce à quoi les deux représentants de l’administration et du patronat ont rétorqué que les mesures de réinsertion se mettent à l’abri de telles critiques, puisqu’elles sont soumises à la validation de commissions tripartites réunissant l’Etat, les entreprises et les syndicats, du moins dans le canton de Vaud.

S’en est suivi un vif échange opposant la figure du chômeur-abuseur à celle du bénéficiaire légitime. L’intervention du Prof. Tabin a permis de s’extraire de cet épineux débat en soulignant que l’idée même d’exercer une pression sur une personne au chômage pour un retour rapide à l’emploi est révélateur de la représentation que se fait la société de l’emploi et des institutions qui y sont liées, concluant qu'« il paraît curieux que certaines personnes ne souhaiteraient pas travailler, alors même que le travail est si important pour la valorisation personnelle en Suisse. »

Cette table-ronde a eu le mérite de réunir un panorama diversifié d’expertises et d’opinions sur le thème proposé et de susciter un nombre important de questions et réactions de la part d’un public interpelé par la manière dont certains des orateurs se saisissent des questions du chômage et de la réinsertion.

Laure Kaeser

Photo Hugues Siegenthaler © LIVES

Pierre-Yves Maillard ouvre le Colloque Pauvreté, dialogue entre chercheurs et praticiens

Le chef du Département vaudois de la santé et de l’action sociale (DSAS) a plaidé le 11 octobre 2012 devant 300 travailleurs sociaux et universitaires pour une circulation dialectique des idées entre le service public et le monde de la recherche.

En ouvrant le 2e Colloque Pauvreté à Lausanne, qui réunit pendant deux jours à Lausanne 300 participants issus d’institutions sociales et académiques - avec une forte contribution des membres du Pôle de recherche national LIVES -, le président du Conseil d’Etat vaudois et chef du DSAS a souligné l’enrichissement mutuel que permet ce type de rencontre. «Le service public a besoin d’être irrigué par des idées», a-t-il défendu, ajoutant que les chercheurs quant à eux avaient besoin d’être alimentés par les praticiens.

Le ministre vaudois s’est ensuite efforcé de démontrer qu’il entend également être à l’écoute des usagers des politiques sociales. Partant d’échanges lus sur un forum en ligne, il a déclaré comprendre la révolte de certaines familles aux revenus modestes face à la difficulté d’obtenir une aide sociale. «La longueur des démarches» et «le sentiment que la politique sociale n’est jamais pour eux», alors que le canton a fait «des efforts considérables» pour améliorer la lutte contre la pauvreté, sont un sujet de préoccupation pour Pierre-Yves Maillard: «Il faut prendre en compte le ressenti des gens pour adapter les procédures administratives», a-t-il lancé.

Casser certaines constructions mentales

Le conseiller d’Etat socialiste a ensuite déclaré qu’il fallait casser certaines «constructions mentales» comme l’idée que les étrangers savent mieux s’y prendre pour obtenir l’aide sociale. Il souhaite aussi dé-stigmatiser les bénéficiaires de l’aide sociale en créant davantage de passages entres les différents piliers de solidarité. «On doit avoir le droit à l’aide sociale, mais aussi le droit à en sortir», a soutenu Pierre-Yves Maillard, appelant à plus de «fluidité et de complémentarité» entre les différents régimes existants.

Enfin il a insisté sur l’importance «thérapeutique» de la valorisation, en prenant l’exemple du projet FORJAD, qui a formé et placé sur le marché de l’emploi 1500 jeunes bénéficiaires du revenu d’insertion depuis son lancement, une réussite «au-delà de nos espérances». Pour terminer, Pierre-Yves Maillard a annoncé que son département et celui de la formation et de la jeunesse réfléchissent à mettre en place une politique de prévention des problèmes sociaux sur le mode de ce qui existe déjà en matière sanitaire auprès des familles avec un nouveau-né.

Ce qu'en disent les universitaires

Trois conférences ont suivi cette ouverture. La psychologue Heidi Simoni a appelé à combattre la pauvreté des familles en créant des perspectives pour les parents et leurs enfants le plus tôt possible, car, «en tant que professionnels du domaine, nous pouvons soutenir les parents à appréhender et élargir l’espace d’action et de pensée.»

Marianne Modak, professeur à la Haute école de travail et de la santé – EESP Lausanne et chercheuse LIVES, a souligné le rôle du système de valeurs des assistants sociaux dans la reproduction des inégalités de genre. Relatant une expérience qu’elle a menée auprès de 36 services sociaux de Suisse romande, elle a démontré que les «registres normatifs» des aidants ont une influence sur le type d’aide qu’ils proposent, les mères étant souvent invitées à rester à la maison, même quand elles pourraient gagner plus que leur conjoint.

Enfin Daniel Oesch, professeur de sociologie à l’Université de Lausanne et chercheur LIVES, a dévoilé les résultats d’une enquête menée avec Isabel Baumann auprès de personnes licenciées à la suite de fermetures d’usines. «La bonne nouvelle», a-t-il annoncé, c’est que deux tiers des gens ont retrouvé du travail dans les deux ans, y compris ceux avec un très faible niveau de qualification. La mauvaise, c’est qu’à partir de 55 ans, le taux de reprise d’emploi chute drastiquement.

Le Colloque Pauvreté se poursuit le 12 octobre avec des ateliers, une table-ronde et la conférence très attendue de Serge Paugam, grand spécialiste français de la précarité.

Photo http://www.unc.edu/~elder/

L’Université de Genève remet un doctorat honoris causa à Glen Elder

Pour l’édition 2012 du Dies academicus, l’alma mater genevoise honore le 12 octobre plusieurs personnalités, dont l’un des papes de la théorie des parcours de vie, qui continue d’enseigner à 78 ans et reste d’une étonnante accessibilité.

Professeur de sociologie et de psychologie à l’Université de Caroline du Nord - Chapel Hill, Glen Elder a inspiré nombre de chercheurs spécialisés dans l’étude des parcours de vie. Son ouvrage fondateur, « Les enfants de la grande dépression », a marqué des générations d’universitaires.

« Sa perspective est particulièrement précieuse afin de développer une perspective interdisciplinaire qui tienne compte de l’activité individuelle liée à d’autres personnes dans des contextes spécifiques et historiques », estime le Prof. Dario Spini, directeur du Pôle de recherche national LIVES. 

C’est sur proposition du co-directeur de LIVES et directeur du Centre interfactultaire de gérontologie et d’études des parcours de vie (CIGEV), le Prof. Michel Oris, que l’Université de Genève a choisi d’honorer le Prof. Elder ce 12 octobre à l’occasion du Dies academicus.

Un honneur très apprécié

« Un doctorat honorifique de l'Université de Genève est très spécial pour moi pour plusieurs raisons, mais surtout parce que cette université et l'Université de Lausanne représentent un important centre d'études du parcours de vie et de formation doctorale et postdoctorale en Europe », affirme le principal intéressé contacté par courriel.

Le professeur Elder continue d’être actif professionnellement et répond en effet volontiers aux sollicitations, comme en a fait l’expérience Sandra Constantin, doctorante LIVES qui l’a également approché : « J'ai non seulement beaucoup apprécié sa gentillesse et sa disponibilité, mais aussi les conseils et les recommandations qu'il m'a aussitôt donnés, car la dimension quantitative de mon approche méthodologique est en partie la même », témoigne-t-elle.

Glen Elder affirme suivre les recherches suisses depuis de nombreuses années, en particulier dans la recherche sur les voies de l'enfance à l'âge adulte : « Le point de vue nord-américain sur les parcours vie a été centré sur l'individu dans son contexte, alors que la perspective européenne dispose d'un point de vue institutionnel distinctif de l'État providence et du parcours de vie. En outre, les études de parcours de vie en Europe ont toujours été plus engagées dans la recherche comparative. Mais aujourd'hui, nous trouvons un mélange de perspectives en Amérique du Nord et en Europe », soutient le professeur américain depuis Chapel Hill.

Pour Dario Spini, « si je devais retenir un message central de son livre de référence « Children of the Great Depression », c’est que ce qui a priori peut être vu comme une épreuve difficile renforçant la vulnérabilité de certains, peut aussi être aussi source d’opportunités et de croissance pour d’autres. L’épreuve peut aussi renforcer. »

Glen Elder prouve en tout cas que l’âge n’est pas que source de vulnérabilité : « J'ai maintenant consacré plus de 50 ans à des études de parcours de vie, et les nouvelles questions qui émergent sans cesse continue de m’exciter et de me remettre en question. Je veux toujours savoir comment la vie des individus et celle des sociétés s’influencent mutuellement. Et je prends beaucoup de plaisir à la possibilité de transmettre ce que j'ai appris au fil des ans à la génération suivante. »

 

 

© CNRS Photothèque / Hubert Raguet

Serge Paugam: "Le taux de pauvreté en Suisse n'est pas négligeable"

Le sociologue français, grand spécialiste de la question de la précarité, sera présent au Colloque Pauvreté à Lausanne le 12 octobre 2012. Il dévoile ici quelques uns des thèmes de sa conférence.

Directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et directeur de recherche au CNRS, responsable de l'Équipe de Recherches sur les Inégalités Sociales (ERIS), Serge Paugam est l'invité vedette du Colloque Pauvreté qui se tient à Lausanne du 11 au 12 octobre 2012. Interview.

La Suisse est plus connue pour sa richesse qu’à travers ses pauvres. Quelle est votre vision de ce pays, vu de France?

J’ai étudié le cas de la Suisse dans mon livre sur «Les formes élémentaires de la pauvreté». La pauvreté dans votre pays a souvent été cachée, un peu comme si, par principe, il ne pouvait pas y avoir de pauvres. Pendant longtemps, le doute a subsisté dans les esprits. Aujourd’hui, les études plus nombreuses et plus régulières permettent de mieux définir cette notion, de l’appréhender statistiquement et d’en débattre aussi bien à l’Université que dans les autres sphères de la société. Je fais toutefois l’hypothèse que pour beaucoup de Suisses, le phénomène de la pauvreté reste encore marginal, même si, dans la réalité, la Suisse, comme les autres pays européens, est touchée par la crise et que le taux de pauvreté n’y est pas négligeable (environ 17%, si l’on se réfère à la définition monétaire conventionnelle de 60% du revenu médian).

Votre conférence s’intitule «Rupture des liens sociaux, trajectoires biographiques et déterminants sociaux». Pouvez-vous en dévoiler le contenu en quelques mots?

Mon intervention prendra appui sur les travaux que je mène depuis plusieurs années, aussi bien ceux qui concernent l’analyse du processus de disqualification sociale et des différentes phases que le caractérisent que ceux, plus récents, qui renvoient plus spécialement à la théorie des liens sociaux. J’essayerai de reprendre certaines questions méthodologiques que pose l’analyse des trajectoires biographiques de personnes en situation de pauvreté ou de précarité et d’y répondre à partir d’exemples concrets. Il s’agira aussi de vérifier la thèse des ruptures cumulatives de liens sociaux à partir de la typologie que j’ai élaborée (lien de filiation, lien de participation élective, lien de participation organique, lien de citoyenneté).

Pouvez-vous donner des exemples concrets de ces ruptures cumulatives?

Dans le récit de personnes qui font l’expérience de la disqualification sociale, il est possible de repérer, selon la phase dans laquelle elles se trouvent, des ruptures qui se sont produites à un moment donné de leur vie et qui en ont engendré d’autres et des ruptures dont on peut dire qu’elles sont susceptibles de se traduire très vite par un engrenage de difficultés nouvelles. Dans nos sociétés, c’est souvent la rupture du lien de participation organique, dont le chômage de longue durée est l’expression, qui est à l’origine d’autres ruptures. Le chômage affecte en effet très souvent les relations familiales et rend parfois difficile les solidarités, mais il peut toucher aussi la vie du couple, la sociabilité élective à travers notamment la vie associative. Il se traduit également par une perte de confiance dans les institutions publiques et un recul de la participation citoyenne au moment des élections par exemple. Mais mes travaux ont également montré que ce cumul de ruptures peut se produire à partir du moment où l’individu, bien qu’ayant un emploi, est touché par la précarité professionnelle.

Vous dites que renforcer le lien social passe par une action visant à renforcer chacun des quatre types de liens sociaux en organisant leur mise en relation…

Oui, car les quatre types de liens, à partir du moment où ils s’entrecroisent, constituent le socle à partir duquel l’intégration sociale est possible. Chaque type de lien est défini de façon spécifique dans chaque société tant il se fonde sur un ensemble de normes partagées, mais chaque société organise aussi de façon normative l’entrecroisement de ces quatre types de liens. C’est ainsi qu’on peut parler d’un régime d’attachement propre à la société dans laquelle on vit. Les travaux que je mène actuellement consistent à étudier de façon comparative ces différents régimes. J’ai bien conscience que les solutions préconisées dans tel ou tel régime peuvent ne pas être appropriées dans tel ou tel autre. Dans les pays d’Europe continentale, le régime d’attachement est historiquement fondé sur le principe de l’intervention multi-solidaire, c’est-à-dire fondée sur la force des quatre types de liens sociaux et la recherche d’un équilibre entre eux. Mais aujourd’hui la fragilité de chacun d’entre eux fragilise le régime d’attachement lui-même. C’est pour cette raison que j’ai écrit dans «Repenser la solidarité» qu’il faut agir pour que chaque type de lien s’entrecroise réellement avec les autres et permette ainsi l’intégration solidaire de tous les membres de la société.

Quelles pistes donner alors aux acteurs politiques et sociaux?

Un régime d’attachement n’est pas l’œuvre exclusive de l’Etat, du moins tant que l’on se réfère à une conception démocratique de l’exercice du pouvoir et que l’on accorde à l’Etat un rôle prioritaire d’animation et de recherche de consensus entre les différentes forces, souvent contradictoires, qui représentent le corps social. Dans chaque société, les représentations ainsi que les normes sociales évoluent sans cesse. Il est donc possible de faire évoluer et de renforcer la conscience de la solidarité comme fondement de toute vie sociale. Les acteurs politiques et sociaux y contribuent parfois sans le savoir, mais très souvent aussi en élaborant des politiques qui s’inspirent directement de la solidarité en référence aux différents types de liens sociaux.

Vous avez montré que les fondements du lien social sont la protection ET la reconnaissance. Partant du constat de la stigmatisation actuelle des personnes assistées, considérées comme paresseuses, incompétentes et abusant du système, quelles formes de valorisation est-il possible d’activer afin que la solidarité collective envers les plus démunis ne s’effondre pas?

Chacun de ces liens dans son expression précaire correspond à une épreuve problématique: le lien de filiation renvoie à l’épreuve potentielle de la déchéance parentale – pensez aux parents à qui on retire les enfants, considérés comme de mauvais parents, incapables de s’occuper de leurs enfants, ils sont infériorisés; le lien de participation élective (couple, réseaux d’amis), cela renvoie à l’épreuve du divorce ou de la séparation, mais aussi à l’épreuve du rejet dans les groupes, de l’abandon, de la rupture du lien d’amitié; dans le lien de participation organique, l’épreuve clé, c’est le chômage, et enfin dans le lien de citoyenneté, on trouve des épreuves sous l’angle de l’exil, de la perte des droits relatifs à une inscription citoyenne dans une nation donnée.
Renforcer la solidarité collective envers les plus démunis revient à combattre au moins autant le déficit de protection que le déni de reconnaissance dont ils font l’expérience au quotidien. Toute action qui s’inspire de cette double exigence et en cherche la traduction pratique dans toutes les dimensions de l’intervention solidaire a toutes chances d’aboutir à de bons résultats. Malheureusement, très souvent l’action est pensée en termes bureaucratiques et définie en fonction d’objectifs quantitatifs et catégoriels à atteindre.

Vous avez également constaté qu’il existe des formes de résistance collective à la pauvreté dans les quartiers défavorisés, et déclaré qu’il fallait écouter les démunis. Quels sont les messages que vous aimeriez relayer?

Le moteur de l’inégalité se situe aujourd’hui non plus exclusivement entre groupes sociaux intégrés et rivaux dans la lutte pour le partage des bénéfices, mais dans les ratés du processus d’intégration sociale lui-même qui contribuent à hiérarchiser la population tout au long d’un continuum qui oppose deux pôles extrêmes: celui de la force cumulative des quatre types de liens sociaux qui prédispose à une intégration sociale stabilisée et celui de la faiblesse cumulative de ces liens, voire de la rupture de certains d’entre eux, qui se traduit par un déficit de protection et un déni de reconnaissance. Dans ce pôle de la faiblesse cumulative des liens, il existe des modes de résistance à la disqualification sociale. Face à l’épuisement du lien de participation organique et du lien de citoyenneté, la compensation est souvent recherchée dans les ressources potentielles de lien de participation élective, celui que l’on peut encore mobiliser dans les réseaux communautaires souvent organisés sur la base du quartier de résidence. La conflictualité se développe sur fond d’éclatement des collectifs traditionnels et se fonde sur des formes d’expression plus spontanées et aussi plus violentes, comme nous avons pu le constater en France au moment des émeutes urbaines de 2005. Face à de telles expressions du malaise social des banlieues, il est fondamental d’essayer de comprendre et d’interpréter ce que les plus démunis ont à dire et de traduire ces revendications – qui restent souvent informulées – en termes politiques.

Tracer de nouvelles pistes dans la lutte contre la pauvreté

Tracer de nouvelles pistes dans la lutte contre la pauvreté

Les 11 et 12 octobre 2012, le Canton de Vaud et plusieurs institutions académiques, dont le Pôle de recherche national LIVES, organisent le 2e Colloque Pauvreté à l’Université de Lausanne. Une trentaine de spécialistes – pour moitié chercheurs, pour moitié acteurs publics ou sociaux – débattront en vue de trouver des solutions à un problème qui affecte plus d’une personne sur dix en Suisse.

Il y a deux ans, le premier Colloque Pauvreté, organisé par le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) du Canton de Vaud, l’Université de Lausanne, l'IDHEAP et la Haute école de travail social et de la santé – EESP Lausanne, avait rencontré un vif succès auprès du monde académique et des travailleurs sociaux. Pour cette nouvelle édition, qui aura lieu les 11 et 12 octobre 2012 devant 300 participants et se tiendra principalement dans les locaux de l’IDHEAP à Lausanne, les chercheurs du Pôle de recherche national LIVES ont été fortement mis à contribution, puisque trois quarts des scientifiques appelés à intervenir sont membres du pôle.

Le colloque 2012 (voir programme complet) s’ouvrira avec une conférence de Pierre-Yves Maillard, président du Conseil d’Etat vaudois et chef du DSAS, intitulée «Poliques sociales et trajectoires de vie: responsabilités cantonales». Le deuxième jour, ce sera au tour du Chef du Service des assurances sociales et de l’hébergement (SASH) du canton de Vaud, Fabrice Ghelfi, d’intervenir en plénière, sur la question «On vit plus longtemps: pour s’enrichir ou coûter plus?».

Les sept autres conférences plénières seront assurées par des universitaires, dont bon nombre de professeurs actifs au PRN LIVES, comme Jean-Michel Bonvin, Mariane Modak, Daniel Oesch, Jean-Pierre Tabin et Eric Widmer. Le colloque propose en outre 10 ateliers thématiques répartis sur les deux jours. Là encore on constate une forte empreinte des chercheurs de LIVES, qui animeront ces réunions en duo avec un praticien de l’administration vaudoise ou de diverses autres institutions sociales.

Les thématiques porteront par exemple sur les conditions de vie au grand âge avec le Prof. Michel Oris, la santé des populations précaires avec la Prof. Claudine Burton-Jeangros, ou l’insertion professionnelle avec le Prof. Giuliano Bonoli. Il sera encore question de la petite enfance, des jeunes en difficulté, des mères seules avec enfants, d’assurance invalidité et de migration.

Une table-ronde sur les possibilités et les limites de l’insertion professionnelle, animée par le Prof. Giuliano Bonoli, clôturera le colloque. Elle promet des échanges intéressants entre Jean-Hugues Busslinger, directeur du Centre patronal vaudois, Manuela Cattani, co-secrétaire générale du Syndicat interprofessionnel SIT, Roger Piccand, chef du Service de l’emploi du canton de Vaud, et Jean-Pierre Tabin, professeur à la Haute école de travail social et de la santé – EESP Lausanne et chercheur LIVES.

Le grand événement du colloque sera la conférence du Prof. Serge Paugam, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et directeur de recherche au CNRS, responsable de l'Équipe de Recherches sur les Inégalités Sociales (ERIS).

Photo © Stramatakis (UNIL)

LIVES emménage à Géopolis, nouveau bâtiment de l’Université de Lausanne

La majeure partie de l’équipe lausannoise de LIVES, réunissant principalement des chercheurs en sociologie et en psychologie sociale ainsi que le personnel administratif, a pris ses nouveaux quartiers la première semaine d'octobre 2012.

Enfin réunis sur le même étage, professeurs, maîtres d’enseignement et de recherche, chercheurs avancés, doctorants et autres collaborateurs de l'équipe de direction ont découvert leurs nouveaux bureaux immaculés, tout en haut du bâtiment consacré à la Faculté des sciences sociales et politiques et à la Faculté des géosciences.

Voir le blog réalisé par l’Université de Lausanne sur la réalisation de cet immense chantier.

Notre nouvelle adresse

 

Photo Félix Imhof

Claudio Bolzman reçoit un prix Leenaards pour un projet sur les migrants âgés

Une recherche sur la qualité de vie des seniors issus de l’immigration africaine et latino américaine pourra ainsi être menée en 2013, sujet encore peu étudié en Suisse et qui correspond à une préoccupation politique croissante.

La Fondation Leenaards remettra le 2 octobre 2012 plusieurs prix pour financer des projets de recherche sur la qualité de vie des personnes âgée. L’un d’entre eux concerne une étude liée au Pôle de recherche national LIVES.

Dans ce projet, le Prof. Claudio Bolzman, enseignant à la Haute école de travail social de Genève et chef de l’IP2 du PRN LIVES, s’intéresse aux personnes âgées issues de l'immigration africaine et latino américaine. Alors que ces immigrés sont plus connus pour faire partie de ceux qui apportent des soins aux personnes âgées et dépendantes, le Prof. Bolzman entend les considérer sous un angle nouveau, celui de receveurs potentiels de soins au 3e et 4e âge.

Sa recherche, menée en collaboration avec un adjoint scientifique, le Dr. Théogène-Octave Gakuba, commencera le 1er janvier 2013 et aura une durée de 12 mois. Trente immigrés âgés - quinze Latino-Américains et quinze Africains résidant dans les cantons de Genève et Vaud - seront interrogés lors d’entretiens approfondis. Cette étude qualitative sera complétée par des entretiens semi-directifs avec des professionnels d’institutions socio-gériatriques et des dirigeants d’associations d’immigrés.

«Les participants seront recrutés principalement par le biais des associations latino-américaines et africaines, mais aussi par des contacts interpersonnels et des appels dans les média "ethniques", afin de diversifier au maximum les profils des personnes interrogées», explique le Prof. Bolzman.

Perceptions et ressources

La problématique sera étudiée dans une perspective interdisciplinaire (sociologie, psychologie, santé), en s’intéressant aux conditions de vie de ces migrants âgés, à leur perception subjective concernant leur état de santé physique et mentale, et aux ressources personnelles et sociales dont ils disposent pour faire face aux problèmes de santé liés au vieillissement. Les chercheurs regarderont dans quelle mesure les immigrés utilisent les services de santé, sociaux et gériatriques à disposition, et si ceux-ci sont adaptés à leurs attentes et à leurs besoins.

Les chercheurs s’intéresseront également à la question des relations interpersonnelles de ces seniors avec leurs proches, les membres de leur communauté d’origine et ceux de la société d’accueil, quelles sont leurs stratégies pour créer du lien social et comment ils s’impliquent dans les activités quotidiennes et associatives. Enfin le thème du rapport au pays d’origine et à la Suisse sera traité, notamment en rapport avec un éventuel retour au pays d’origine comme lieu de retraite ou d’enterrement.

Mieux intégrer

Selon le prof. Bolzman, «cette recherche répond à un besoin de recueil d’informations et de production de connaissances sur un sujet qui n’a pas été étudié en Suisse et sur lequel la littérature est quasi inexistante. Elle rentre aussi dans les préoccupations des autorités fédérales et cantonales d’intégrer les populations étrangères résidentes en Suisse et d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées.»

Des recommandations tenant compte des constats et des souhaits exprimés par les personnes immigrées et les professionnels  interrogés découleront de ce projet. Des pistes de recherche à explorer ultérieurement seront vraisemblablement aussi identifiées. Cette recherche constitue également une opportunité de compléter par des études qualitatives, et sur des populations faiblement représentées du point de vue statistique, l'enquête quantitative dirigée par le prof. Michel Oris dans le cadre de l'IP13.